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La famille Croÿ

Les sires de Croy furent les plus marquants des seigneurs de Chimay. Le rôle qu’ils ont joué dans l’histoire de Belgique a été rapporté par divers historiens. Gachard en a parlé dans ses recherches historiques et dans sa notice sur les archives du duc de Caraman ; la biographie nationale y a consacré divers articles, de nombreux autres en ont traité aussi ; nous n’avons donc pas à nous y attarder. Des seigneurs de Croy nous dirons seulement ce qui se rapporte à notre ville. Jean de Croy, fils de Jean de Croy et de Marguerite de Craon, seigneur de Thour-sur-Marne, épousa Marie de Lalaing, baronnesse héritière de Quiévrain. Chevalier de la Toison d’Or en 1430, gouverneur de Luxembourg en 1443, il fut créé dans la suite grand bailly et capitaine général du Hainaut.

Comme nous l’avons dit plus haut il posséda notre seigneurie vers 1434. Il était en grande faveur auprès de Philippe-le-Bon, ce qui lui permit de s’élever rapidement. On sait comment il fut compris dans l’inimitié vouée par le comte de Charolais à ceux de sa famille et comment il dut se retirer à Tournai, ville française, tandis que ses biens étaient mis sous séquestre. De 1465 à 1473, ce fut donc le Téméraire qui perçut les revenus de la seigneurie. Quand les Croy obtinrent révision de leurs procès, le duc Charles leur restitua leurs biens et, en janvier 1473, devant toute sa cour réunie à Bruges, érigea en comté la terre de Chimay. Cet acte très important donnait à notre terre une situation prépondérante parmi les seigneuries voisines. Jean de Croy n’assista pas à l’érection de sa seigneurie en comté ; il s’était fait représenter à cette cérémonie par son fils. Il mourut peu de temps après et fut enterré dans la collégiale de Chimay en la chapelle Ste Barbe, derrière l’ancien repositoire du Vénérable St-Sacrement, nous dit le doyen Coppé.

De son mariage avec Marie de Lalaing étaient nés Philippe, qui lui succéda, Jeanne, Jacques futur évêque de Cambrai, Michel, Olivier, Jeanne qui devint religieuse, Jacqueline, Ysabeau et trois autres enfants morts en bas âge. Jean de Croy avait obtenu en 1451, du pape Nicolas V, une bulle accordant des indulgences à ceux qui contribueraient à la reconstruction de l’église de Chimay. Vers 1465, il fit construire dans la même ville un hôpital qui dura jusqu’en 1843. Ce seigneur portait les armes de Croy Renty qui sont : écartellé, au premier et dernier d’argent aux trois fasces de gueule, au deuxième et troisième d’argent aux trois doloires de gueule deux adossées en chef et une en pointe, un écusson écartelé au premier et dernier losangé d’or et de gueules qui est Craon, au deuxième et troisième d’or au lion rampant de sable qui est de Flandre sur le tout. Devise : Soulvienne-vous.

 

Jean de Croy a été comme on le sait le sujet d’une légende. On l’a représenté enfermé durant 7 ans dans les prisons du château de Couvin et rendu à la liberté grâce à l’intervention d’un jeune berger. Nous ne referons pas ce récit qu’on peut lire dans Coppée, Tellier, Hagemans, dans les Délices du pays de Liège et dans le Magasin pittoresque. Nous nous contenterons de dire après d’autres qu’il est absolument légendaire. On peut suivre, en effet, notre premier comte, an par an, dans ses pérégrinations et, en plus, jamais la disparition d’un personnage tel que lui ne fut restée ignorée comme celle-là demeura. Il faut donc reléguer l’histoire de « la captivité et de l’étrange délivrance du comte à la Houssette » dans le domaine du merveilleux où se plait l’imagination populaire. Peut-être cependant pourrait-on en trouver la provenance dans l’aventure survenue au père de Jean de Croy qui, arrêté par les gens de Charles d’Orléans, fut détenu pendant 13 mois en prison et traité si inhumainement « que tous les ongles de ses pieds et de ses mains sont cheus ».

Philippe III de Croÿ

Philippe de Croy (1473-1483). « Fils aîné du premier comte de Chimay fut envoyé en plusieurs ambassades par les ducs Philippe et Charles de Bourgogne, signalement vers Ferdinand d’Aragon, roi de Naples, lequel donna ses armes à porter escartelées avec celles des Croy ». Il donna à la collégiale de Chimay une statue de St Christophe. Philippe de Croy fut fait chevalier à Gavres, devint chevalier de la Toison d’Or en 1473, fut grand bailly de Hainaut et gouverneur de Hollande. Il suivit le Téméraire à la bataille de Nancy où il fut fait prisonnier. La ville de Chimay fut prise, de son temps, par le roi de France. Il ne la récupéra qu’en 1478. En 1481, il fut choisi comme parrain de Maximilien d’Autriche. Il mourut le 13 septembre 1483 à Bruges et fut enterré aux Récollets de Mons, bien que son testament portât qu’il dût être à Chimay derrière le chœur. Philippe de Croy avait épousé Dame Walburge, fille du comte Vincent de Moers et Zaewerden et d’Anne de Bavière. De ce mariage naquirent six enfants, Charles, premier prince de Chimay, Jean qui épousa Adrienne de Stavele, Anthoine, le seigneur de Sempy, François l’époux d’Anne de Luxembourg, Catherine l’épouse de Robert de la Mark et enfin Marguerite qui épousa Jacques de Horne. Philippe de Croy porta quelque temps ses armes écartelées de Croy et de Naples, il reprit ensuite celles de son père. Charles de Croy (1483-1527). Charles de Croy succéda à Philippe, son père, en 1483. Il épousa Louise d’Albret, sœur de Jean d’Albret, roi de Navarre et veuve de Jean de Bourgogne, comte de Nevers et d’Etampes.

Elle lui apporta en dot Avesnes, Landrecies et Limoges. Quand la guerre éclata dans nos pays, Charles se rangea du côté de Maximilien d’Autriche qui le récompensa de ses services en le créant en 1486 prince de Chimay. En 1491, il devint chevalier de la Toison d’Or. Le 7 mars 1500, il fut choisi pour être le parrain de Charles V. Le mois suivant, le 21 avril, l’archiduc Philippe vint avec sa cour à Chimay « par un chemin fait exprès dans la Fagne et nommé encore par le présent chemin de l’archiduc afin d’être parrain à Philippe, fis dudit Charles et de Louise d’Albret qui naquit le 21 avril de l’an 1500 et en l’âge de trois ans décédé ». Charles reçut plus tard de nouvelles marques de faveur de la part de l’empereur Maximilien. « Il mourut le 2 septembre 1527 à Beaumont. Son corps repose à Simay dans la cave d’entre la chapelle St Nicolas et le chœur dessous la sépulture magnifique érigée de nouveau par Charles (III) de Croy ».

 

Philippe II de Croy (1527-1549). Charles de Croy avait eu le 22 février 1502 de son mariage avec Louise d’Albret une fille Anne qui épousa, en 1520, Philippe, sire de Croy, marquis de Renty, duc d’Aerschot, qui devint ainsi prince de Chimay à la mort de son beau-père. Ce prince étant chef de famille portait les armes pleines de la maison de Croy avec, comme devise, « Duleia mixta malis ». Le 19 juillet 1549, il reçut en grande pompte à Chimay, Charles V et son fils Philippe. La même année il mourut à Bruxelles et fut enterré à Heverlé. Il avait eu, de son mariage avec sa cousine, six enfants : Charles, Louise, Philippe, Guillaume, Anthoine et Louis. Après la mort d’Anne de Croy arrivée en 1539, il épousa en secondes noces la duchesse Anne de Lorrraine. De ce mariage naquit un fils posthume Charles-Philippe. Le prince Philippe de Croy édicta pour ses terres de Chimay divers règlements dont il sera parlé dans la suite. Charles II de Croy (1549-1551). Charles II, fils aîné du prince Philippe succéda à son père.

Il ne détint la seigneurie que deux ans ; il fut assassiné le 24 juin 1550 dans

Charles III de Croÿ

son château de Quiévrain. « Son corps est en la collégiale d’Avesnes et son cœur à Chimay ». Il s’était marié deux fois ; d’abord à Louise de Lorraine et en second lieu à Antoinette de Bourgogne. Il mourut sans génération. Philippe III de Croy (1551-1580). A Charles II de Croy succéda Philippe, son frère. Il était chevalier de la Toison d’Or, fut gouverneur général de Flandre, lieutenant gouverneur, capitaine général et grand bailly des pays et comté de Hainaut et de la ville de Valenciennes. Il était né dans cette dernière cité le 10 juillet 1526 et mourut à Venise le 11 décembre 1595. Ce seigneur fut très mêlé aux troubles politiques de son temps. Il sortirait de notre sujet de raconter ses faits et gestes, on les connaît du reste et d’ailleurs ils n’intéressent pas notre ville. C’est à son époque que notre ville fut entièrement détruite par les armées du roi de France. Philippe de Croy avait épousé Jeanne de Hallewin qui trépassa le 6 décembre 1581. Le cœur de cette princesse est conservé dans une urne placée dans l’église de Chimay au-dessus de la porte de la sacristie. Le 1er mars 1582, le prince Philippe épousa en secondes noces, Jeanne de Blois, fille du seigneur de Trélon. De son premier mariage, lui était né, le 1er juillet 1560, un fils, Charles, qui devait lui succéder. Philippe III portait comme son père les armes pleines de sa maison, sans surcharge. Il avait comme devise « J’y parviendrai Croy ».

Charles III de Croy (1580-1612). Charles III duc de Croy et d’Aerschot, devint prince de Chimay du vivant de son père. Il avait épousé le 3 septembre 1580, Marie de Brimeu et dès lors s’était vu céder par le duc Philippe le titre de Prince avec les terres de Chimay. Charles de Croy fut entraîné par sa femme à faire profession de protestantisme, mais il revint quelques années plus tard à la religion catholique.Commeson père,ilpritunepart active aux événements de son temps. Nous ne nous y arrêterons pas. Marie de Brimeu étant morte le 18 avril 1605, le prince Charles épousa le 18 décembre suivant, à Mons, Dorothée de Croy, sa cousine. L’année d’après, au mois de juillet, il vint à Chimay, où il écrivit de sa propre main « la description de la terre, chasteau, ville, principauté et pairie de Chimay ». Charles de Croy fit exécuter pour nombre de ses domaines des descriptions semblables.

Celles de Beaumont, Froidchapelle, Montbliart, Rance, ont été éditées, celle d’Avesnes se trouve manuscrite à la Bibliothèque Royale ; on conserve au château de Chimay la description de la terre de Rocq. Toutes ces œuvres sont soignées et on doit rendre hommage au goût de celui qui les dressa. Le duc d’Aerschot était d’ailleurs grand amateur de livres précieux, de tableaux et d’objets d’art. A Chimay, il restaura et agrandit le château, entreprit les premiers travaux du parc, créa au faubourg une propriété de plaisance dont les restes s’appellent encore jardin du prince et aménagea sa maison du sarteau. Il établit en outre une distribution d’eau en captant pour sa demeure les fontaines du « terne des vaches » : travaux sur lesquels nous reviendrons. La principauté eut à subir de son temps les attaques des Français. On y signale en 1595 le passage des ennemis. De ses deux mariages, Charles de Croy n’eut génération. Il mourut à Beaumont le 13 janvier 1612 et fut enterré à Heverlé. La principauté chimacienne allait passer à une autre famille.

 

Source: Louis Dardenne | Château de Chimay