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La famille Blois

En suite du mariage de Jeanne de Hainaut la seigneurie de Chimay parvint à la famille de Blois. Nous n’avons pas à parler du comte Louis de Châtillon, l’époux de Jeanne ; il mourut à Crécy le 26 août 1346, onze ans avant son beau-père et sans avoir jamais administré la terre chimacienne. De son mariage étaient nés trois fils, Louis, Jean et Guy. Leurs biens furent administrés par leur mère qui se remaria en 1347 à Guy de Namur et mourut en 1350. Elle fut enterrée près de son premier époux dans l’église conventuelle de Guiches. En 1360, les seigneurs de Blois se partagent les immenses domaines de leurs parents.

Louis obtint Blois, Avesnes, Le Nouvion, Chimay, Fumay et Revin ; Jean eut les terres de Hollande ; Guy reçut Soissons, Dargies et Beaumont. Il fut en outre convenu que, si Louis mourait sans enfants, Blois et Avesnes iraient à Jean et le reste ferait retour à Guy ou à ses descendants. Louis de Blois (1360-1372) joua dans l’histoire un rôle très effacé. Il mourut célibataire en l’an 1372 et, en vertu de la convention rapportée ci-dessus, nos terres revinrent à son frère Guy.

Guy de Blois (1372-1397), envoyé comme otage, à Londres, à la place de son frère Louis pour délivrer le roi Jean, fait prisonnier à Poitiers, avait, pour se libérer, donné à Enguerrand de Coucy, en faveur d’Elisabeth d’Angleterre, sa femme, la terre de Soissons. Il participa à une guerre faite par l’ordre teutonique aux Lithuaniens et fut fait chevalier en 1370 à Rudaw. En 1374, il épousa sa cousine Marie, fille de Guillaume I marquis de Namur. Elle obtint en douaire 3000 florins francs de France de rente pour en jouir sa vie durant : ils étaient assignés sur les terres de Beaumont que Guy obtint à cet effet de son frère Jean et, à leur défaut, sur celles de Nouvion en Thiérache et d’Argies. Le marquis de Namur donnait en retour à sa fille une rente de 1000 florins d’or au mouton de Brabant ; en plus il lui donnait 18000 francs de France dont 6000 à payer au comte Guy l’année même du mariage pour « faire sa pure volonteit », les 12000 autres devant être payés en quatre ans. En outre, il devait fournir à sa fille vêtements et joyaux. Il était entendu que si Marie de Namur mourait sans postérité tout cela lui reviendrait. Guy de Blois se trouvait donc dans une situation très belle.

Elle devint plus brillante encore en 1381, lors du décès de Jean de Blois qui mourut sans enfant légitime, abandonnant à son frère la totalité de ses biens. Guy possédait donc « le comté de Soissons, les terres de Dargies, de Clary, de Catheu, celles de Maffles, de Tongres ; celles de Beaumont dans le Hainaut, sans compter plusieurs maisons à Mons, Valenciennes et Maubeuge. Il avait les seigneuries de Chimay, Couvin, Fumaing et Reving, les terres de Nouvion et la haie de Quiebreleches. Il possédait les comtés de Blois et de Dunois, les châteaux des Montils, de Châteaudun, les châtellenie de Freteval, Remorantin, Millançay et Château-Renault ; il avait les terres d’Avesnes, de Landrecies, de Sassogne ; celles de Scoonhove, de la Goude et plusieurs autres domaines situés en Hollande, Zélande et Frise. Il se trouvait en un mot possesseur de tous les biens de sa famille. « Ses terres étaient si vastes, dit Dormay, qu’elles eussent fait un petit royaume, si elles eussent été jointes ensemble ». Et cependant, il va dilapider tout cela. Il avait déjà, pour soutenir son train fastueux, tenté en 1376 de frapper monnaie en son château de Fumay.

Dénoncé de ce chef à Aubert de Bavière, il dut promettre de ne plus usurper ainsi les droits régaliens. Lorsqu’il hérita de son frère, en 1381, il put pendant quelque temps satisfaire ses goûts de dépense et de générosité, mais se vit bientôt dans une situation redevenue précaire. Il vendit en octobre 1391 à Louis de Touraine ses comtés de Blois et Dunois pour la somme de deux cent mille couronnes de France. La même année, au mois de février, il avait abandonné à Jean de Namur, son beau-frère, la terre de Chimay et le comté de Beaumont pour qu’il puisse en jouir la vie de la comtesse de Blois durant, réserve faite de deux bonnes villes forteresses et de douaire de sa femme. En 1397, il lui céda pareillement la ville et le château de Chimay.

Il paraîtrait que Jean de Namur n’avait sollicité et obtenu ces donations que pour plaire à sa sœur et dans le dessein de l’en laisser jouir elle-même. Celle-ci paraît ainsi à toutes les éventualités possibles. Quand son mari mourut le 2 décembre 1397 à Avesnes, ses biens furent dispersés. « Il était si endetté de toutes parts, dit Froissart, et si petite ordonnance fut de ses biens que le sien, rentes et revenus ne purent fournir à ses dettes, et convint la comtesse de Blois sa femme, Marie de Namur, renoncer à tous meubles ». Elle se remaria en 1405 à Pierre de Brabant dit Clignet, amiral de France. Comme elle possédait une partie de notre terre en vertu de son douaire, le reste en suite de l’acte de 1391 cité plus haut et la ville elle-même à cause de l’accord de 1397, elle avait tout à dire dans notre seigneurie. Elle en perçut les revenus jusqu’en 1412, année de sa mort. Elle ne laissa point d’enfants. De son mariage avec le comte Guy un seul fils était né, Louis de Blois, lequel décéda sans postérité le 15 juillet 1391, longtemps avant ses parents. A la mort de Marie de Namur notre terre fut revendiquée par le comte de Hainaut et par Thibaut Moreuil, seigneur de Noiroelles.

Le premier, descendant de Jean II d’Avesnes, le bisaïeul de Guy de Blois, le second retrouvait en Marie de Chimay, la grand-mère de sa bisaïeule Yolande de Soissons, la souche qui lui était commune avec le comte défunt. Cette rivalité de droits donna lieu à des débats judiciaires. Le comte de Hainaut avait obtenu, le 27 avril 1412, quelques mois avant la mort de Marie de Namur, par consultation faite devant le grand bailly de Hainaut, de pouvoir, après le décès de la comtesse de Blois « mettre en sa main la terre de Chimay pour examiner son droit ». Il ne dut pas s’en faire faute mais finit sans doute par s’arranger à l’amiable avec son compétiteur. On sépara en deux parties Chimay et ses environs, reconstituant ainsi les deux anciens domaines dont nous avons constaté l’existence au début de la seigneurie.

Le comte de Hainaut obtenait la Fagne et les villages suivants : Beauwelz, Momignies, Macon, Seloignes, Monceau, Villers, Salles, Robechies et Baileux qu’on appela les neuf villes de Chimay. Moreuil devint maître de Chimay et des villages laissés par l’autre, savoir : Boutonville, Saint-Remy, Bailièvre, Forges et Bourlers. Le comte ne trouva pas sans doute suffisante la partie qui lui était échue car il revendiqua bientôt la ville et ses dépendances. Il alla même jusqu’à l’occuper, de peur, disait-il « que la seigneurie ne soit prise par les ennemis ». Il finit tout de même le 29 avril 1434 par l’abandonner à Thibaut Moreuil « sans préjudice toutefois du droit qu’il prétendait avoir sur elle et dont procès pendait ».

Ce procès lui donna tort, car le sire de Noiroelles put vendre, probablement cette même année 1434, ses domaines à Jean de Croy. Ce dernier, devenu seigneur de Chimay, demanda au duc de Bourgogne, comte de Hainaut, de lui vendre « pour appliquer à sa table les neuf villes étant au sart de Chimay ». Le duc y consentit le 28 août 1445. On avait estimé les revenus des terres à céder et on leur avait trouvé une valeur de 409 I. 11 s. 2 d. tournois. Jean de Croy en fournit l’équivalent à l’apprêt de 70 I. 6 c. 8 d. tournois au duc les terres de Rocques et de Thieusies. La différence, restée en compte fut remise à son petit-fils en 1472 par Maximilien d’Autriche. Par ce marché Jean de Croy rentrait dans la succession des seigneurs qui l’avaient précédé.

 

Source: Louis Dardenne | Château de Chimay